L’article d’aujourd’hui porte sur l’exposition qui a
récemment débuté au Louvre : Le Printemps de la Renaissance, Les
sculpteurs et les arts à Florence 1400-1460.
Cette exposition était segmentée en 10 parties, suivant un
plan à la fois thématique et chronologique.
Avant même de rentrer dans le vif du sujet, c’est à dire les
arts à la Renaissance, il faut se poser la question du pourquoi de ce nouveau
mouvement et pourquoi est il né à Florence ?
Si, comme beaucoup le considère, la Renaissance a débuté à
Florence, c’est en grande partie liée à une situation politique et économique
très favorable : à cette époque Florence est une république florissante,
les libertés, y compris dans le domaine artistique, y sont bien plus avancé que
dans le reste de l’Europe et la cité s’enrichit grandement.
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Le Sacrifice d'Isaac, bronze, Ghbierti 1401 |
En 1401, un concours avais été lancé à 6 artistes pour la
réalisation d’un des panneaux d’une porte en bronze du baptistère du dôme de
Florence : ce concours, remporté par Ghiberti avec le panneau que vous
pouvez voir ci dessus, tandis qu’il était jusqu’alors inconnu, est vu comme
l’acte fondateur de la renaissance.
Cette œuvre est intéressante à plus d’un titre : le jeu
de relief tout d’abord est très novateur, en jouant ainsi, Ghiberti parvient à
créer de la distance entre ces personnages, en les plaçant sur des plans
différents : on pourrait avoir l’impression ici de la représentation d’une
pièce de théâtre par cet effet.
Ensuite, un autre élément changeant radicalement par rapport
à la période précédente sont la représentation des vêtements des
personnages : les reliefs et jeux de volumes y sont clairement visible,
voir accentués par rapport à la réalité, tandis qu’auparavant les vêtements
était représenté de manière lisse, uniforme.
Cet effet sera repris maintes
fois et on peut le retrouver tout au long de la Renaissance.
Un autre élément qui marque le début de la Renaissance est
cette fois ci architectural, il s’agit de la création du dôme de la cathédrale de Florence par Filippo Brunelleschi.
Ce qui fais la nouveauté de ce dôme est sa structure elle
même : contrairement à la période romane ou il y avait dans les grandes
constructions un axe central, la construction de Brunelleschi repose sur des
calculs mathématiques datant de l’antiquité, et les matériaux utilisé sont
aussi bien plus léger que ce qui se faisait habituellement, ce qui à permis à
sa création de surplomber toute la ville.
Une petite précision supplémentaire par rapport à la
photo : la construction est en fait formé de deux dômes : celui que
l’on vois bien sûr, et un autre qui ne nous est pas visible, qui repose en
dessous de celui visible pour le soutenir.
Ce mouvement a donc débuté
avec quelques artistes très innovants, dont Ghiberti et Brunelleschi sont les
fers de lance, qui marquent une
rupture par rapport à la période romane, et vont entrainer avec eux tout un
mouvement partageant des thèmes communs.
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Spiritelli, bronze, Donatello 1439 |
Pour revenir à l’exposition, voici un sujet de sculpture qui
s’est développé durant cette période, celui des spiritellis, que l’on pourrait
traduire en français par chérubins.
Ces spiritellis font typiquement parti des œuvres d’art qui
sont à mi chemin entre le sacré et le profane : il est difficile de savoir
si ce type de statue avait plus place dans une église ou dans les demeures de
marchands de Florence.
Ce type d’œuvre illustre un mouvement qui va du sacré vers
le profane : la Renaissance s’est créée sur des thèmes ayant pour attrait
le sacré, aussi bien l’œuvre de Ghiberti représentant le sacrifice d’Isaac par
Abraham que le dôme de la cathédrale, tout en s’inspirant des modèles antiques.
Ce mouvement se déplace vers le non-sacré et la frontière se
brouille alors entre le caractère religieux ou non des œuvres.
Enfin, pour l’anecdote, je
vous invite à regarder ce que sont à l’origine les « chérubins », qui
ne ressemblaient alors pas vraiment à la sculpture qui vous est
présentée !
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Buste de Jean Medicis, marbre, Mino da Fiesole 1454 |
Et voici une dernière œuvre que je vais vous présenter,
celle du sculpteur Mino da Fiesole, qui représente ici Jean de Médicis, membre
de la famille régnante de Florence.
Cette fois ci, l’œuvre ne laisse plus aucune ambigüité sur
le caractère de cette œuvre : elle est profane et rien ne suggère quoique ce soit de religieux.
En effet, après avoir laissé l’art au domaine publique et
visible par tous, la période artistique de la Renaissance évolue vers les
palais des riches commerçants, qui tous se font sculpter des bustes, celui ci
laissant entrevoir la richesse de son vêtement, ressuscitant ainsi une ancienne
tradition romaine.
On peut ajouter qu’en plus de cette tradition, propre aux
riches , il était courant dans les milieux urbains aisés de commander des
œuvres religieuses pour son domicile, des représentations de la Vierge le plus
souvent.
Cette tendance d’importer l’art dans son foyer n’est donc
pas uniquement le propre des classes les plus élevées de la société, mais est
une tendance assez générale, même si la nature des œuvres d’art diffère selon
le milieu.
Lors de cette exposition, on voit donc un double mouvement
qui s’amorce sur cette période de 1400 à 1460, un mouvement du sacré au
profane, doublé d’un mouvement du domaine publique vers la sphère privée.
![](http://www.etudiantdeparis.fr/sites/default/files/imagecache/evenement_thumbnail/suplture_de_la_renaissance_crous.jpg)
Après avoir tenté de donner un aperçu du mouvement de la
Renaissance dans la société Florentine, je vais écrire quelques mots sur
l’exposition en elle-même.
Cette exposition, comme dis tout au début de cet article est
séparée en 10 parties dans un ordre thématique et chronologique, qui furent
d’un intérêt et contenu très variable.
Je peux comprendre la volonté du commissaire d’exposition
d’arriver à présenter 10 thèmes, pour avoir un chiffre facilement mémorisable,
qui marque les esprits des visiteurs.
Le problème c’est que, du fait à la fois de la contrainte de
l’espace disponible, mais aussi de la possibilité d’acheminer des œuvres pour
l’exposition, il est strictement impossible de présenter un contenu qui soit
conséquent pour tout les thèmes abordés.
Le résultat, c’est que l’on se demande parfois dans
l’exposition quelle est la raison d’une partie tant le nombre d’œuvre est
réduit, en plus parfois de l’importance relative du sujet abordé.
L’exposition aurait à mon sens gagné en clarté en réduisant
à quelque chose comme 3 parties ou peut être un peu plus, mais certainement pas
10 !
Enfin une dernière remarque sur les points négatifs, j’aurais
apprécié avoir une petite présentation de l’art roman, car montrer les liens
entre l’art de la Renaissance et l’antiquité n’est pas tout, il faudrait aussi
pouvoir voir et comprendre en quoi cette période est une rupture par rapport à
ce qui se faisait précédemment.
Terminons tout de même sur une note positive, cette
exposition est l’occasion d’un voyage dans le temps et cela nous permet de voir
un peu plus concrètement ce qui se faisait à cette période, dont on à bien
souvent une idée assez vague.
Bien que pas exempte de défauts à mes yeux, je vous
conseille, une fois n’est pas coutume, d’aller voir cette exposition et de vous
faire votre impression sur ces œuvres et sur l’exposition elle même.
Voici pour cet assez long article, je vous dis à bientôt et
espère que vous aurez réussi à aller jusqu’au bout !
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