mercredi 16 octobre 2013

Exposition: Le Printemps de la Renaissance 1400-1460

Bonsoir à tous,

L’article d’aujourd’hui porte sur l’exposition qui a récemment débuté au Louvre : Le Printemps de la Renaissance, Les sculpteurs et les arts à Florence 1400-1460.

Cette exposition était segmentée en 10 parties, suivant un plan à la fois thématique et chronologique.

Avant même de rentrer dans le vif du sujet, c’est à dire les arts à la Renaissance, il faut se poser la question du pourquoi de ce nouveau mouvement et pourquoi est il né à Florence ?


Si, comme beaucoup le considère, la Renaissance a débuté à Florence, c’est en grande partie liée à une situation politique et économique très favorable : à cette époque Florence est une république florissante, les libertés, y compris dans le domaine artistique, y sont bien plus avancé que dans le reste de l’Europe et la cité s’enrichit grandement.

File:Wga ghiberti sacrifice of Isaac.jpg
Le Sacrifice d'Isaac, bronze, Ghbierti 1401
En 1401, un concours avais été lancé à 6 artistes pour la réalisation d’un des panneaux d’une porte en bronze du baptistère du dôme de Florence : ce concours, remporté par Ghiberti avec le panneau que vous pouvez voir ci dessus, tandis qu’il était jusqu’alors inconnu, est vu comme l’acte fondateur de la renaissance.

Cette œuvre est intéressante à plus d’un titre : le jeu de relief tout d’abord est très novateur, en jouant ainsi, Ghiberti parvient à créer de la distance entre ces personnages, en les plaçant sur des plans différents : on pourrait avoir l’impression ici de la représentation d’une pièce de théâtre par cet effet.

Ensuite, un autre élément changeant radicalement par rapport à la période précédente sont la représentation des vêtements des personnages : les reliefs et jeux de volumes y sont clairement visible, voir accentués par rapport à la réalité, tandis qu’auparavant les vêtements était représenté de manière lisse, uniforme.
Cet effet sera repris maintes fois et on peut le retrouver tout au long de la Renaissance.

File:From the campanile.jpg

Un autre élément qui marque le début de la Renaissance est cette fois ci architectural, il s’agit de la création du dôme de la cathédrale de Florence par Filippo Brunelleschi.

Ce qui fais la nouveauté de ce dôme est sa structure elle même : contrairement à la période romane ou il y avait dans les grandes constructions un axe central, la construction de Brunelleschi repose sur des calculs mathématiques datant de l’antiquité, et les matériaux utilisé sont aussi bien plus léger que ce qui se faisait habituellement, ce qui à permis à sa création de surplomber toute la ville.

Une petite précision supplémentaire par rapport à la photo : la construction est en fait formé de deux dômes : celui que l’on vois bien sûr, et un autre qui ne nous est pas visible, qui repose en dessous de celui visible pour le soutenir.

Ce mouvement a donc débuté avec quelques artistes très innovants, dont Ghiberti et Brunelleschi sont les fers de lance,  qui marquent une rupture par rapport à la période romane, et vont entrainer avec eux tout un mouvement partageant des thèmes communs.
Spiritelli, bronze, Donatello 1439
Pour revenir à l’exposition, voici un sujet de sculpture qui s’est développé durant cette période, celui des spiritellis, que l’on pourrait traduire en français par chérubins.

Ces spiritellis font typiquement parti des œuvres d’art qui sont à mi chemin entre le sacré et le profane : il est difficile de savoir si ce type de statue avait plus place dans une église ou dans les demeures de marchands de Florence.

Ce type d’œuvre illustre un mouvement qui va du sacré vers le profane : la Renaissance s’est créée sur des thèmes ayant pour attrait le sacré, aussi bien l’œuvre de Ghiberti représentant le sacrifice d’Isaac par Abraham que le dôme de la cathédrale, tout en s’inspirant des modèles antiques.
Ce mouvement se déplace vers le non-sacré et la frontière se brouille alors entre le caractère religieux ou non des œuvres.

Enfin, pour l’anecdote, je vous invite à regarder ce que sont à l’origine les « chérubins », qui ne ressemblaient alors pas vraiment à la sculpture qui vous est présentée !
Buste de Jean Medicis, marbre, Mino da Fiesole 1454
Et voici une dernière œuvre que je vais vous présenter, celle du sculpteur Mino da Fiesole, qui représente ici Jean de Médicis, membre de la famille régnante de Florence.

Cette fois ci, l’œuvre ne laisse plus aucune ambigüité sur le caractère de cette œuvre : elle est  profane et rien ne suggère quoique ce soit de religieux.

En effet, après avoir laissé l’art au domaine publique et visible par tous, la période artistique de la Renaissance évolue vers les palais des riches commerçants, qui tous se font sculpter des bustes, celui ci laissant entrevoir la richesse de son vêtement, ressuscitant ainsi une ancienne tradition romaine.

On peut ajouter qu’en plus de cette tradition, propre aux riches , il était courant dans les milieux urbains aisés de commander des œuvres religieuses pour son domicile, des représentations de la Vierge le plus souvent.
Cette tendance d’importer l’art dans son foyer n’est donc pas uniquement le propre des classes les plus élevées de la société, mais est une tendance assez générale, même si la nature des œuvres d’art diffère selon le milieu.

Lors de cette exposition, on voit donc un double mouvement qui s’amorce sur cette période de 1400 à 1460, un mouvement du sacré au profane, doublé d’un mouvement du domaine publique vers la sphère privée.


Après avoir tenté de donner un aperçu du mouvement de la Renaissance dans la société Florentine, je vais écrire quelques mots sur l’exposition en elle-même.

Cette exposition, comme dis tout au début de cet article est séparée en 10 parties dans un ordre thématique et chronologique, qui furent d’un intérêt et contenu très variable.
Je peux comprendre la volonté du commissaire d’exposition d’arriver à présenter 10 thèmes, pour avoir un chiffre facilement mémorisable, qui marque les esprits des visiteurs.
Le problème c’est que, du fait à la fois de la contrainte de l’espace disponible, mais aussi de la possibilité d’acheminer des œuvres pour l’exposition, il est strictement impossible de présenter un contenu qui soit conséquent pour tout les thèmes abordés.

Le résultat, c’est que l’on se demande parfois dans l’exposition quelle est la raison d’une partie tant le nombre d’œuvre est réduit, en plus parfois de l’importance relative du sujet abordé.
L’exposition aurait à mon sens gagné en clarté en réduisant à quelque chose comme 3 parties ou peut être un peu plus, mais certainement pas 10 !
Enfin une dernière remarque sur les points négatifs, j’aurais apprécié avoir une petite présentation de l’art roman, car montrer les liens entre l’art de la Renaissance et l’antiquité n’est pas tout, il faudrait aussi pouvoir voir et comprendre en quoi cette période est une rupture par rapport à ce qui se faisait précédemment.

Terminons tout de même sur une note positive, cette exposition est l’occasion d’un voyage dans le temps et cela nous permet de voir un peu plus concrètement ce qui se faisait à cette période, dont on à bien souvent une idée assez vague.

Bien que pas exempte de défauts à mes yeux, je vous conseille, une fois n’est pas coutume, d’aller voir cette exposition et de vous faire votre impression sur ces œuvres et sur l’exposition elle même.

Voici pour cet assez long article, je vous dis à bientôt et espère que vous aurez réussi à aller jusqu’au bout !

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